Masters

Réussir à se qualifier pour le championnat de France de 10km, c'est déjà un exploit ! Parvenir à rallier Houilles, le lieu dédié à cette course, ce fut déjà un challenge. 

Passer les portiques de l'aéroport, attendre plusieurs heures un avion retardé (heureusement nous étions 4 collègues et un paquet de M&M’s), défier les lois du transport en commun et individuel en région parisienne... Au final la course a commencé le samedi ! 

La nuit fut courte puisque le destin et la saison avaient choisi que notre course se fasse le week-end du changement d'heure (pour ou contre l'heure d'été... La question est posée, mais ce n'est pas le lieu du débat !) 

Alors que nos 2 jeunes collègues Clément et Flo avaient la possibilité de dormir un peu plus ayant leur départ de 10km à 12h, avec Jean Philippe nous avons dû courageusement nous extirper de notre lit à 6h du matin afin de rejoindre au plus tôt le lieu de la course, afin de suivre le rituel d'avant course (WC, échauffement et prépa vestimentaire afin de bien paraître sur les photos... Essentiel !) 

À 9h pétante, le coup de pistolet était tiré pour lâcher les quelques 900 participants de la course Cadets, Juniors et Master. Le départ est compliqué par la densité de coureur au mètre carré, chacun tente d'éviter la chute, de se frayer un passage en zigzagant entre les participants moins rapides. Finalement après un départ assez lent, la course prend son rythme et sa fluidité à partir du 3eme kilomètre quand le peloton s'étale. 

Je cherche Jean-Phi du regard ne sachant pas ce qu'il est devenu après le passage de l'arche de départ. Je me rends compte qu'il se trouve 15 mètres devant moi, et décide de ne pas le laisser filer. Chaque élément de motivation est bon à prendre pour maintenir le rythme. 

Le parcours se compose d'une première partie d'un kilomètre que nous empruntons qu'une seule fois, avant d'entamer 2 boucles. Dans ces 2 boucles, pour le plus grand bonheur des coureurs présents aujourd'hui et ayant déjà participé 1 semaine auparavant à la finale de cross-country à Carhaix, se trouvent 2 beaux faux-plats montant un peu casse-patte, mais heureusement avec la possibilité de pouvoir relancer par la suite avec un faux-plat descendant en ligne droite. 

La 1ere boucle étant achevée, vient la lutte psychologique. Maintenant on connaît le parcours qui nous sépare de l'arrivée, mais il ne faut rien lâcher d'ici là ! Pour ça, à ce moment-là, la densité de coureurs est une aubaine. Réussir à passer de groupe en groupe en dépassant les coureurs, est une aide mentale. Projeter mon regard loin devant en repérant toujours Jean-Phi qui n'a pas pris le large, m'aide à conserver mon allure. Jusqu'au 9eme kilomètre, et malgré ce nouveau passage sur ces 2 montées que je réussis à avaler sans perdre trop la cadence, ce dernier kilomètre est un enfer au milieu de ce terrain de jeu que j'affectionne tant. A ce moment, il est impensable de s'arrêter, de ralentir... Mais les jambes brûlent, la respiration est bruyante et forcée, les bras ont du mal à rester en rythme. Mais comme pour chacun, la force du mental à ce moment, permet de décupler l'énergie restante. 

Le passage sous l'arche d'arrivée est une libération. Au passage, j'ai jeté un coup d'œil à l'énorme chrono présent sur la ligne de fin. 

Je sais que j'ai réalisé mon objectif... Le plaisir est là, l'émotion aussi, mais l'effervescence, l'ambiance de joie mêlée à l'épuisement de chacun, la présence de Patrick Montel avec son micro, me permettent de rester connecter à l'instant. 

Je retrouve Jean-Phi qui aura fini 25 secondes devant moi. Apparemment l'élastique entre lui et moi aura pris de la distance sur la fin, mais peu importe... L'essentiel maintenant est le partage. Autour du lieu de ravitaillement nous échangeons sur nos ressentis, notre expérience si courte et longue à la fois... 34.39mn pour lui, 35.04mn pour moi ! 

On se sent si bien par la suite, léger et euphorique à la fois. 

Petites photos souvenirs, douche et ensuite on ira supporter les copains... Parce que ces eux qui nous galvanisent !

 

Merci à Vincent Picard pour ce récit détaillé de la course et pour les photos.